À l'origine de la bande dessinée japonaise moderne, c'est-à-dire celle qui prolonge l'œuvre d'Osamu Tezuka, on trouve deux facteurs, tous deux revendiqués par Tezuka lui-même, et tous deux venant en droite ligne des États-Unis. À savoir Walt Disney, pour le soft power, et la Bombe Atomique, pour le hard.

Paru à la fin de l'année 2013, Apocalypse Manga est un essai de Pierre Pigot qui se préoccupe de l'influence du second facteur dans le manga, et ceci au travers de réflexions portant sur une poignée de créations majeures, à savoir Space Battleship Yamoto (Leiji Matsumoto), Nausicaa (Hayao Miyazaki), Gen d'Hiroshima (Keiji Nakazawa), Akira (Katsuhiro Otomi), Dragon Ball (Akira Toriyama), Le voyage de Ryu (Sâtarô Ishinomori), L'École emporté (Kazuo Umezu) et One Piece (Eiichirô Oda). Pigot ne manque pas sa cible, multipliant les observations judicieuses, réglant ses comptes avec Dragon Ball, rappelant la mécanique splendide mais tournant à vide d'Akira et voyant dans One Piece une œuvre bien plus ambitieuse qu'il n'y paraît au premier abord. Tout ceci est très vivifiant, comme on dit dans Asterix. Pour retrouver Apocalypse Manga, c'est par ici.

Sous-titré « Histoire et Univers de la bande dessinée japonaise » (ce qui répond au passage à la question posée dans l'éditorial de cette Gazette du stripologue), le livre de Jean-Marie Bouissou paru chez Picquier propose un excellent panorama de la littérature nippone que votre libraire recommande chaudement à toutes les personnes qui souhaiteraient comprendre un peu d'où viennent tous ces petits livres au format poche en noir et blanc.

Sans être systématiquement en accord avec son auteur, votre libraire a vu dans cet ouvrage une introduction claire, bien écrite, pleine de remarques pertinentes, approchant l'objet de son étude sous un angle successivement historique puis thématique. Bref à un livre qui s'adressera aussi bien à l'amateur de manga, qui cherche à remettre un peu d'ordre dans toutes ses lectures, qu'au pédagogue ou au bibliothécaire, qui peuvent ressentir l'envie voire la nécessité de comprendre quel est ce phénomène auquel ils assistent depuis déjà quelque temps. À tous nous dirons : vous pouvez y aller sans crainte. Pour en savoir plus sur ce livre, suivez-nous.

Manga 10 000 Images s'annonce comme une revue, mais on peut aussi l'assimiler à une série d'ouvrages collectifs et thématiques consacrés à la littérature japonaise. Nous vous en proposons deux à ce jour, dont celui consacré à Osamu Tezuka, l'homme qui a transformé le manga au milieu du XXe siècle, tout comme Hergé l'a fait en Europe.

Mais votre libraire a préféré mettre en avant ici la seconde mouture du premier opus de Manga 10 000 Images, laquelle porte son attention sur une branche particulièrement originale de la bande dessinée nippone, à savoir le Yaoi. Né au sein du fanzinat japonais avant de trouver sa place dans l'édition plus généraliste, le Yaoi présente des romances homosexuelles entre des hommes, à connotation plus ou moins érotique, voire pornographique. Jusque là, rien de très étonnant. Ce qui distingue le Yaoi, c'est qu'il s'agit initialement et encore majoritairement d'une littérature faite par des femmes à l'attention d'autres femmes. Retraçant l'historique de cette branche du manga, en présentant les œuvres les plus notoires ou les plus notables, Manga 10 000 Images en offre une vue inégalée et complète, ne manquant pas de s'interroger sur les raisons du succès du Yaoi. Un titre que nous recommandons aux passionnés de manga, mais aussi aux esprits curieux. Pour plus d'info sur le numéro de Manga 10 000 Images consacré au Yaoi, c'est ici.

On vous l'a déjà montré, mais tant pis, on le remet car il est de circonstance avec ce numéro de la Gazette du Stripologue consacré aux ouvrages sur les mangas.
Pour voir le dessin qui se cache derrière ce fragment, c'est ici.

Outre l'avis de votre libraire, que vous pouvez retrouver sur la fiche de chaque livre dans la colonne de gauche, des notules de lectures écrites par plusieurs spécialistes de la bande dessinée complètent souvent le descriptif des ouvrages et vous permettent de vous faire une idée sur le contenu du titre concerné. Quand elles existent, ces notules sont accessibles avec le lien Voir la notule, placé dans le pavé bleu en haut à gauche, mais aussi sous la description du livre. Nous en profitons pour remercier une nouvelles fois les auteurs de ces commentaires, à savoir Messieurs Jessi Bi, Morgan di Salvia, William Foix, Jean-Paul Gabilliet, Manuel Hirtz, Harry Morgan, François Peneaud et Christian Rosset.