Étude de la narration dans le champ de la bande dessinée franco-belge contemporaine
Pays : Belgique, Louvain-la-Neuve
Editeur : Academia Bruylant
Collection : [Texte-Image]
Année d'édition : 2011
Première édition : 2011
150 pages
16 x24 cm - 280 gr
Langue : Français
ISBN : 9782806100177
Ouvrage divisée en trois parties bien distinctes, la première étant relativement aride. Tachant d'opérer une large synthèse entre différentes conceptions de la narration et de la bande dessinée, elle forme un passage ardu que le lecteur doit passer sans se décourager. L'auteur tâche d'y poser un outillage analytique complet. L'opération est méritante et aboutie à un tableau récapitulatif plutôt bien fait. Mais on peut toutefois rester circonspect devant la volonté de l'auteur de rassembler tant de textes théoriques en un même appareillage. La seconde partie examine avec précision des extraits choisis dans un corpus réduit, mais sélectionné avec soin. Plus agréable, elle multiplie les remarques judicieuses. Le lecteur attentif remarquera que certains outils conceptuels posés dans la première partie sont plus sollicités que d'autres. Enfin, la dernière partie avance sur ce terrain surprenant qui consiste à articuler des réflexions théoriques portant sur la narration et la monstration avec une approche qui appartient aux études culturelles. Quand bien même on pourrait contester certains développements, cette articulation d'ensemble reste convaincante et mérite l'attention. Tout ceci n'est pas toujours si austère, et on s'amuse assurément de lire l'auteur qualifier les travaux de L'Association d' « art bourgeois » plutôt que d'avant-garde, de même qu'on savoure l'éclectisme des citations : on y passe de L'art de la BD de Duc au Lire la bande dessinée de Masson ou encore au Traces en cases de Marion. Mérite assurément le détour.
Nous avons déjà dit, à propos du livre de Lavanchy paru dans la même collection, que l'origine universitaire de la maison Academia se devinait sans difficulté dès qu'on tient l'objet en main. Cela est aussi vrai pour le présent opus : large pavé de texte s'enfonçant dans le pli intérieur, usage de paragraphes renfoncés, composés en petit corps, pour les citations... rien de tout cela ne respire la fantaisie. Mais il serait injuste de s'en tenir à cette appréciation, sans souligner les tableaux, schémas et illustrations, de toute évidence choisis et conçus par l'auteur, qui soutiennent indubitablement la lecture et s'avèrent le plus souvent clairs et compréhensibles. Tout ceci rythme le texte et en facilite grandement l'entrée dans le livre.
Introduction p. 9
Première partie : approche interne p. 17
Chapitre i. Méthode p. 1P
A. Image p. 19
B. Espace-texte p. 23
C. Texte p. 26
1. La fonction d’exposition p. 27
2. La fonction de caractérisation p. 31
3. La fonction d’action p. 40
D. Synthèse sur la méthode d’analyse de la narration bédéique p. 42
Chapitre ii. Analyse p. 45
A. Agadamgorodok p. 50
B. La Coupe Castar p. 59
C. Vitesse moderne p. 68
D. Total Jazz. Histoires musicales p. 75
E. Les Enfants p. 94
Seconde partie : Approche externe. p. 105
Chapitre i. Méthode p. 107
Chapitre ii. Analyse p. 113
A. La place « Art moyen » p. 113
B. La place « Avant-garde » p. 118
C. La place « Art bourgeois » p. 126
Conclusion p. 135
Bibliographie p. 141
Rares sont les études sur la bande dessinée qui considèrent celle-ci pour ce qu’elle est vraiment, à savoir un mixte séquentiel complexe d’images et de mots. L’étude de Benoît Glaude peut prétendre à cette distinction par sa prise en compte des trois composantes narratives de toute B.D. : l’iconique, le plastique et le textuel. Mérite supplémentaire de cette recherche : elle évite le piège d’une fermeture du sens sur lui-même, immanent et forclos dans les limites formelles de l’œuvre. Pour apprécier correctement les résultats de ses analyses internes, l’auteur les confronte aux implications signifiantes du contexte de création, identifié pour la circonstance à la collection « Aire libre », qui a marqué l’histoire de la bande dessinée franco-belge contemporaine et y occupe désormais une position stratégique.
Combinant perspective interne (sémiotique) et perspective externe (sociologique), Benoît Glaude construit une méthode d’analyse volontairement transdisciplinaire qui emprunte à la critique B.D., mais aussi aux théories sur le cinéma, la littérature et le théâtre. Cinq albums issus de la production franco-belge contemporaine font l’objet d’une vérification nuancée des hypothèses théoriques. Celle-ci confirme la très bonne maîtrise qu’a l’auteur du fonctionnement du champ de la bande dessinée en ce début de troisième millénaire.
Benoît Glaude est doctorant en Langues et Lettres à l’Université Catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve). Il poursuit ses recherches sur la stylistique des dialogues de bande dessinée.
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