Je voudrais me suicider

C'est un portrait particulièrement touchant que Jean Teulé et Florence Cestac tracent de Charlie Schlingo, quatre ans après sa mort. Cet auteur de bande dessinée totalement atypique, emblème de ce qu'on appelle parfois l'humour crétin, se prête particulièrement bien à une métamorphose qui fait de lui un personnage de bande dessinée. « Charlie confondait la réalité et la BD. Je lui disais souvent qu’il ne vivait pas avec nous ! », explique ainsi Jean Teulé dans un entretien avec Nicolas Anspach, publié sur ActuaBD. « On avait l’impression qu’il s’était échappé d’une case. Charlie vivait dans une BD. Il lui arrivait beaucoup d’aventures rigolotes, dignes d’une bande dessinée. Charlie a vécu une vie de Popeye. » Schlingo, auteur assez peu connu, a laissé des traces très profondes chez certains lecteurs, et notamment d'autres dessinateurs. On pourra relire, à titre d'exemple, le témoignage de BSK dans les numéros 2 et 3 de Comix Club. La biographie de Schlingo de Cestac et Teulé est un livre étonnant, qui démontre une nouvelle fois l'excellence de la bande dessinée en la matière. Le dessin soutient parfaitement le propos, certainement parce que la manière de Cestac est proche de celle de Schlingo : le trait souple, la façon “gros nez”, le jeté faussement négligeant du trait lui donne un air de spontanéité et de franchise qui sert bien une évocation de la réalité.