Dans le ventre de Hara Kiri

Sous la jaquette, le léger cartonnage qui entoure le livre est rouge sang, couleur de Hara Kiri, couleur du bonhomme qui se tranche en deux en partant de l'entre jambes. Le nom du célèbre journal, fondé par Choron et Cavanna s'inscrit en défonce blanche. Mais sur la jaquette, faite d'un carton de même épaisseur qui vient redoubler et rigidifier le livre, le noir et les gris s'imposent, tandis que le nom « Hara Kiri » s'ensanglante. Par dessus de l'a-plat rouge s'installent donc les nuances nées de la réaction entre l'émulsion argentique et la lumière. C'est ainsi qu'est annoncé, en deux couche de papier fort, le projet du livre : dire avec des photos la folle et indispensable histoire d'une bande d'humoristes à crayon qui façonnèrent le XXe siècle français. Ces photos sont celles des Lambau, pseudonyme d’Arnaud Baumann et de Xavier Lambours qui collaborèrent à l'entreprise de presse via les « Photos parlantes », images volées ici ou là, souvent hors des frontières de l'Hexagone, puis complétées de bulles et de légendes hilarantes. Mais les Lambau furent aussi les portraitistes de l'équipe. Ce grand livre, dont le format album convient bien aux amples reproductions des clichés des Lambau, offre de revoir ces images. Celles parues dans Hara Kiri ou dans Charlie, mais aussi les portraits, touchante occasion de retrouver l'incroyable équipe : Choron, Willem, Cavanna, Gébé, Reiser, Schlingo, Delfeil de Ton, Siné, Cabu, Wolinski, et les autres, la plupart jeunes, fous et beaux.
Le livre est organisé en chapitres, chacun consacré à l'un de ces artistes : Cavanna, Choron, Gébé, Wolinski, etc. Les photos des Lambau sont alors accompagné d'un portrait (fort bien) écrit par Pacôme Thiellement. Entre ces chapitres, des recueils des « Photos parlantes » provoquent d'immanquables éclats de rire. Salvateur, tant cette histoire s'acheva tragiquement. À de multiple points de vue.