De case en case

Depuis la fin du XXe siècle, le public francophone découvre progressivement que la bande dessinée est une discipline bien plus répandue qu'il n'y paraissait. On connaissait depuis fort longtemps la bande dessinée nord-américaine, qui avait traversé l'Atlantique dès la première moitié du siècle. On découvrit un peu plus tard l'existence d'une production sud-américaine dans le sillage d'Hugo Pratt. Mais c'est dans les dernières décades qui précédèrent l'entrée dans le troisième millénaire que le manga japonais fit irruption en Europe. Cette tendance, qui voit nos yeux européens s'écarquiller à mesure que nous apprenons que la bande dessinée s'est largement diffusée sur la planète à compter du XIXe siècle, avec un nouvel essor au siècle suivant dans la lignée de Walt Disney, n'est pas encore achevée. On sait désormais que le 9e Art existait en Chine (Honk Kong), à Taïwan et en Corée. À défaut d'une histoire universelle de la bande dessinée, qui reste encore à faire, l'amateur peut se rabattre vers de nombreux ouvrages qui présentent une particularité locale du 9e Art. C'est le rôle de celui-ci pour la Corée. Après une courte introduction qui fixe le cadre historique du manhwa, Keum Gendry-Kim et Loïc Gendry s'attachent à faire le portrait de 13 artistes contemporains, ainsi que d'un éditeur et d'une historienne. On découvre ainsi la variété des styles et des registres. Ainsi trouve-t-on en Corée comme en Europe francophone un courant principal souvent qualifié de commercial (ou mainstream), et des expressions plus marginales qu'on dit parfois d'auteur. Ce livre donne également d'intéressantes indications sur l'importance du « webtoon » ou bandes dessinées numériques, lue sur l'écran du téléphone portable (ou smartphone), et dont certaines sont ensuite déclinées au format papier, plus prestigieux, mais moins usité.