Bananas numéro 10

C'est souvent ce qu'il y a sous l'emballage qui nous plaît dans Bananas. Mais pour ce dixième numéro, votre libraire a bien aimé l'alliance du bleu, du jaune et du dessin de Le Goff. Cela dit, c'est toujours à l'intérieur que la revue dirigée par Évariste Blanchet est très réussie. Elle s'ouvre sur un intéressant dossier de plus de trente pages du même Blanchet sur Pierre Le Goff, un dessinateur qui a travaillé pour la grande presse (il a dessiné Nimbus), pour la presse jeunesse (Vaillant notamment), mais aussi pour les petits formats (Artima et autres). Le Goff a également été membre du Syndicat National des Dessinateurs de Presse, sur lequel il apporte ici un témoignage. Ce dossier est aussi l'occasion pour Blanchet d'évoquer avec insistance le dépouillement des archives des dessinateurs, travail trop négligé et d'autant plus nécessaire que ces archives disparaissent bien souvent avec leur propriétaire.
On notera encore dans ce dixième numéro de Bananas un article judicieux de Pierre-Gilles Pélissier sur les Manges-Bitumes, de Lob et Bielsa, quoique l'auteur n'évite pas ce travers de nombreux critiques, dénoncé par Harry Morgan, qui aiment voir le summum de la littérature dans le « récit dramatisant son propre fonctionnement ». Également au sommaire deux tables rondes du SoBD, salon de la bande dessinée à Paris : l'une rassemble une partie de l'équipe de la maison Futuropolis, dans une rencontre historique et fort plaisante ; l'autre regroupe cinq dessinatrices autour de la question de la sexualité dans la bande dessinée. Nous insisterons enfin sur le papier de Daniel Pizzoli. Après avoir expliqué la pratique du dessin de Mœbius dans un ouvrage remarqué, mais malheureusement épuisé, Pizzoli s'attarde ici sur celle d'Hermann dans Les Tours de bois-Maury. L'article est la version intégrale des textes du même auteur, découpés en morceau dans le catalogue de l'exposition Hermann édité par le FIBD d'Angoulême. Les explications de Pizzoli sont encore une fois remarquables : aux profanes, elles donnent accès à la technique de dessin qui rend si remarquable le travail d'Hermann, comme le fut celui de Mœbius. À ne pas rater.